mardi 29 avril 2008

Changement de registre

Aujourd'hui, changement de registre : j'ai rencontré des groupes de préscolaires, des 1re et des 2e années. C'est toujours rafraîchissant après une saison quasi complète à rencontrer des ados.

Mmes Annie, Guylaine et Marlène avaient très bien préparé les élèves à ma visite. Mmes Julie et Karine avaient même pris le temps d'aller sur mon site web et demandé aux enfants de préparer des questions. Il y avait les habituelles "As-tu une blonde?", "As-tu des enfants?" (Ah! Les filles!), mais aussi des "Qu'est-ce qu'un morpho bleu?" et "À quoi ressemble une pinasse?"

L'an dernier, un autre auteur est venu dans cette école, mais personne ne se souvenait de son nom. On m'a promis qu'on retiendrait le mien.

Les jeunes de 1re et 2e années de l'école Victor-Côté n'ont pas voulu me laisser partir avant de m'avoir laissé des tas de dessins et des beaux mots d'amour. J'ai tout affiché dans ma chambre d'hôtel en arrivant.

C'est la femme de chambre qui va être surprise, demain.


lundi 28 avril 2008

Petit souper entre auteurs

Ce soir, mon amie Francine Pelletier et moi avons profité de notre visite mutuelle aux écoles de Matane pour souper ensemble. On a rarement eu l'occasion de placoter comme ça et j'ai passé un excellent moment.

Francine a commencé à écrire pas longtemps après moi au début des années 80. À cette époque, on se contentait de courts récits dans les zines québécois ; on faisait tous les deux de la SF. Seule Francine est restée fidèle au genre. Son premier roman est paru en 1987, soit un an après mon premier livre à moi.

Si vous ne connaissez pas encore Francine, allez vite lire ceci.

MATANE

Rencontres aujourd'hui avec des jeunes de 9 à 11 ans, soit de 3e et 4e années. C'est la première fois, cette saison (à moins d'un bogue mémoriel toujours possible de ma part), que je rencontre ce groupe d'âge. En tout cas, je n'en ai pas vu souvent. Ça fait changement.

Je suis à l'école Bon-Pasteur et les élèves ont été bien préparés à me rencontrer. C'est très agréable. Je suis surpris du nombre d'enfants (quasi l'unanimité) qui affirment aimer lire. Et j'ai même rencontrer des gars de 8-9 ans qui lisaient les briques à J. K. Rowling. Quand même !

Je suis très content de ma journée, et l'hôtel où je crèche est très bien, très silencieux, et on y mange bien.


dimanche 27 avril 2008

Les grands esprits aussi ont envie de pipi

En route vers Mont-Joli, je m'arrête à la halte routière juste avant la sortie pour Kamouraska. Après une heure de route, un petit rafraîchissement est de rigueur.

Comme je m'apprête à ressortir, qui vois-je soudain paraître devant moi, elle aussi en route vers Mont-Joli et elle aussi ayant besoin d'un rafraîssement ? L'auteure Francine Pelletier ! Si, si, ma bonne amie Francine qui se rend tout bonnement à la biblio de Mont-Joli pour m'entendre donner mon atelier !

Comme quoi, les grands esprits trouvent toujours moyen de se croiser quelque part, même aux toilettes.


MONT-JOLI

En route vers Matane où je passerai la semaine, j'ai arrêté donner un atelier à la bibliothèque de Mont-Joli, ce dimanche. Après-midi pluvieux, aussi, y avait-il 10 fois plus de personnes pour me voir à Mont-Joli qu'il y en avait à Charlesbourg, l'an dernier.

Euh... faut dire qu'à Charlesbourg, ils étaient une. Donc, cet après-midi, il y avait une dizaine de personnes pour m'entendre.

La rencontre a duré 1h20 avec un public très intéressé. Bien sûr, il n'y avait que des femmes, puisque la littérature semble attirer difficilement les hommes. Voilà une raison supplémentaire d'aimer mon métier. ;o)

L'activité était parrainé par le CLAC, région de Mitis sous la responsabilité de la dynamique Julie Boivin. Eh oui, une autre femme.

Quel beau métier !


samedi 26 avril 2008

Promenade de printemps

La neige se retire lentement, mais pas partout. Il y a encore des passages où les raquettes auraient été de mise.





vendredi 25 avril 2008

Yesss !


jeudi 24 avril 2008

Jolie image

... de Saint-Jean-sur-Richelieu.




Fanick et Taël

Tel que promis, voici une photo de deux visiteurs que j'attendais avec impatience au dernier Salon du livre de Québec : Fanick et Taël. Ce sont les enfants de mes copains Carl et Nathalie. Il va sans dire que tout ce beau monde compte parmi mes très fidèles lecteurs.




St-Jean-St-Marcel

Valérie Théberge, l'efficace bibliothécaire de la poly Maguerite-Boureoys, à Saint-Jean-sur-Richelieu, a eu l'idée géniale de me faire donner mon atelier dès le premier cours, ce matin, de manière à me permettre de prendre la route le plus tôt possible. Elle savait que de longues heures de conduite m'attendaient avant d'arriver à bon port.

Merci, Valérie. Je suis arrivé sain et sauf dans mon village encore engoncé de neige (quoique cela ait pas mal fondu pendant mon absence).

mercredi 23 avril 2008

Le défi d'Aymerik

Décidément, à Saint-Jean-sur-Richelieu, je me sens inspiré pour lancer des défis aux adolescents. Figurez-vous donc que la très jolie Aymerik m'a avoué en toute candeur et en grande honnêteté qu'elle n'était jamais parvenue à terminer un livre de sa vie, si ce n'est Élisa T. (un document, donc, non pas un roman).

Au départ, je voulais lui proposer Trente-Neuf, puis je me suis dis que si elle avait aimé Élisa T., elle préférerait sans doute Le Parfum des filles. Il n'y avait pas d'exemplaire à la bibliothèque de son école, mais, heureusement, j'en avais un dans mes bagages. Dans un cas du genre, ça me faisait grandement plaisir de le lui offrir.

Comme ce roman n'est pas très long à lire, je rends donc le défi plus facile à relever pour Aymerik. Je me dis aussi que, si elle en ressort victorieuse, je pourrai me vanter que le premier roman qu'elle aura lu dans sa vie sera l'un des miens. C'est assez flatteur.

À l'inverse, si elle ne le trouve pas assez intéressant pour se rendre jusqu'au bout, en dépit du fait que c'est un roman très court, j'aurai vraiment l'air fou.

Allez, Aymerik ! Ne me fais pas ce coup-là !

mardi 22 avril 2008

Le défi d'Emmanuelle

Aujourd'hui, je me vantais que, depuis que mon roman Le Sentier des sacrifices est sorti, il y a deux ans, personne ne m'a encore fait part qu'il avait deviné la fin d'avance. C'est que je suis pas mal fier de l'entourloupe qui me permet de berner les lecteurs de ce roman.

Or, Emmanuelle, une coquine de deuxième secondaire de la poly Marguerite-Bourgeoys, a relevé le défi : elle entend lire le roman et deviner avant la fin l'étonnant dénouement que j'ai réservé au lecteur. Ses amies me servent de témoins comme quoi elle sera honnête dans sa démarche, et elle va me faire part de son exploit (ou non-exploit). Ce blogue nous servira de tribune pour le défi.

Allez, Emmanuelle ! Fais honneur à ton école !

SAINT-JEAN-SUR-RICHELIEU

Aujourd'hui, j'ai donné les trois premiers de 7 ateliers à la polyvalente Marguerite-Bourgeoys de Saint-Jean-sur-Richelieu. L'entente au départ était pour des jeunes de première secondaire, mais on a modifié en cours de route pour des deuxième secondaire. Personnellement, je n'ai aucun problème avec les uns ou les autres.

Il faisait beau et chaud à Saint-Jean aujourd'hui, et c'était très agréable. Les rencontres se mariaient très bien à cette belle température.


Critiques sur Pirates - 1

Si cela vous intéresse, vous pouvez écoutez la critique d'Anne Michaud à propos de Pirates-1 sur le site de Radio-Canada en cliquant ici. (Dans la page qui s'ouvrira, vous devrez cliquer sur le bouton correspondant à la critique en question.)

De plus, la même Anne Michaud a publié dans Le Devoir un autre texte assez élogieux. Voici un extrait :

Histoires de pirates

Ce printemps, les pirates sont à l’honneur dans 3 nouvelles séries québécoises

Le plus passionnant des trois romans qui ouvrent ces nouvelles séries est sans aucun doute L’Île de la Licorne de Camille Bouchard. Lorsque le navire sur lequel il navigue passe aux mains d’un groupe de pirates sanguinaires, François se trouve forcé de servir de « truchement » (c’est-à-dire d’interprète) pour leur capitaine, surnommé Doublon d’Or. C’est que François parle l’arawak, la langue des Naturels (des Indiens des Caraïbes), chez qui il a séjourné deux ans à la suite d’un naufrage. C’est du moins ce qu’affirme un homme qui prétend être son oncle. François, lui, ne se souvient de rien; ni de son séjour chez les Naturels, ni de ses origines, ni de sa famille. Peu tenté par la vie de pirate, le jeune homme tente de s’échapper mais il est vite rattrapé par Doublon d’Or, qui réalise alors que François pourrait posséder à son insu la clé d’un trésor…

Dans ce roman destiné aux jeunes adolescents, Camille Bouchard décrit avec réalisme les mœurs et coutumes de l’univers des pirates. Des châtiments infligés aux traîtres aux termes de marine, les détails y sont abondants et souvent sanglants! Frissons, batailles, complots, mystère… Tous les ingrédients d’un bon roman d’aventure sont rassemblés dans ce premier tome d’une trilogie qui doit se poursuivre avec La Fureur de Juracan et L’Emprise des cannibales.

lundi 21 avril 2008

Le long du Richelieu

Au lieu de revenir à Saint-Marcel, aujourd'hui, à la fin du Salon, je me suis plutôt dirigé vers Saint-Jean-sur-Richelieu où, dès demain, à la polyvalente de l'endroit, j'entreprends une série de rencontres avec des élèves de première secondaire.

Je vous en reparle dans les prochaines entrées de carnet.


Pauline a la grippe

Ma belle Pauline, aux cheveux couleur de lumière d'automne, qui prend si bien soin de moi quand je vais signer chez Boréal Jeunesse (Dimédia) avait une vilaine grippe, cette fin de semaine. Cela ne l'a pas empêchée de gérer sa section avec l'efficacité qu'on lui connaît. J'espère que sa voix s'est rétablie un peu ce matin et que le virus lui sacre patience. En tout cas, je lui souhaite des lendemains de salon un peu plus reposants.

Une chance, comme d'hab, elle était secondée par la dynamique et passionnée Line Arsenault (pas l'auteure de bédé, l'autre) et son inséparable (saint-)Marcel. Eux aussi, ce sont des gens merveilleux que je compte pour mes amis.


Belles affiches

Les classes que je vais rencontrer dans les prochains jours seront gâtées. Boréal a fait imprimer de très belles affiches de mon roman Trente-Neuf. L'illustration est de Stéphane Jorish et je peux vous dire que les couleurs sont absolument splendides.

Je connais des locaux de la polyvalente Henri-Bourassa, à Montréal, qui vont en bénéficier bientôt.


De vieux amis

Ce qu'il y a de bien dans les Salons, c'est que ça me permet de renouer avec des amis avec qui j'ai déjà travaillé (dans une autre vie) et que j'ai perdu de vue depuis que je suis devenu écrivain à temps plein.

Je pense tout d'abord à mon super copain Carl qui a fait un crochet spécial (lors d'un aller-retour Portneuf / Sept-Îles) pour venir m'entendre vendredi et qui est revenu au Salon, samedi, avec ses enfants Fanick, 11 ans, et Taël, 9 ans, deux de mes lecteurs assidus, ça va de soi. (Je vous montrerai ici même une photo dans les prochains jours.)

Et puis, il y a eu ma bonne ex-collègue Annie Gélinas, connue du temps où on travaillait ensemble pour une entreprise en transport, qui est réapparue devant moi comme un rayon de soleil, aussi jeune et aussi souriante que la dernière fois où l'on s'est salués, il y a plus de 5 ans.

Et que dire d'Ann-Renée Giguère qui, bon an mal an, revient me donner des nouvelles du petit monde qu'on a côtoyés, il y a 8-9 ans, et qui en profite pour se procurer mes nouveautés.

Je vous salue, les copains, copines, c'est toujours une joie de vous retrouver.


Mon SILQ

Le Salon International du livre de Québec (SILQ pour les intimes) a été différent pour moi, cette année. D'abord, l'an dernier, je l'ai sauté (c'est sûr que c'est un gros changement ; vous savez que je n'aime pas beaucoup ces gros happenings.) Mais ce qui différencie surtout mon SILQ des précédents, c'est que je n'ai pas "fait" les journées scolaires. Je vieillis, car ces matinées sont devenues trop épuisantes pour moi.

Voir courir des classes entières d'un bord à l'autre des allées, n'avoir que des contacts rapides avec les jeunes qui, pour la plupart, se contentent d'accumuler les signets... Non, c'est trop d'énergie pour trop peu de plaisir. Cette formule serait sans doute à revoir par les Salons, mais je ne suis pas assez brillant pour proposer la solution qui améliorerait les choses.

Outre ma lecture publique du vendredi soir, je me suis donc contenté d'être présent samedi et dimanche pour des séances de signatures.



Hommage à ma voix

Ma lecture publique dans le cadre de l'activité Hommage à quatre voix organisée par le Conseil des Arts du Canada s'est très bien déroulée. En fait, toute cette soirée a été vraiment agréable, très bien orchestrée par les professionnels de l'organisme, dont la gentille et souriante (et jolie) Carole Breton.

J'étais assis à côté de madame Claire Martin, notre doyenne parmi les plus grands auteurs canadiens qui ont marqué (et marquent encore) notre littérature. Incidemment, madame Martin fêtait ses 94 ans, le soir du 18 avril. Alerte, drôle, d'une intelligence époustouflante, c'est difficile de vous figurer à quel point on se sent grand quand on côtoie des géants de la sorte. Là, je vous jure, je me sentais vraiment un écrivain.

Côtoyer madame Martin, ça inspire des "jeunes" comme moi. Et puis, se trouver aux côtés d'Andrée Laberge et de Michel Noël, ça ne rebute pas non plus.

vendredi 18 avril 2008

Lecture publique

Je pars tout à l'heure pour le Salon du livre de Québec. Aujourd'hui, je n'ai pas de séances de signatures, mais ce soir, je fais la lecture publique d'un extrait de Pirates, tome 2 - La Fureur de Juracán dans le cadre de l'activité Hommages à quatre voix du Conseil des Arts du Canada.

Pour vous récompenser de lire ce blogue régulièrement, ma bande de petits canaillous, voici en grande primeur (révisé par mon amie Martine Latulippe), le texte de ma lecture :

LECTURE PUBLIQUE
18 avril 2008
CONSEIL DES ARTS DU CANADA

Contexte :
J’écris actuellement une série historique pour les adolescents intitulée PIRATES. Le premier tome vient tout juste de paraître aux éditions Hurtubise-HMH. J’aimerais vous lire un extrait du deuxième tome, qui paraîtra l’automne prochain.
L’action se déroule au milieu du XVIe siècle, sur une île secrète de la mer des Caraïbes. Armand est le capitaine d’une bande de pirates français. Parce qu’il est toujours vêtu d’un manteau rouge, on l’appelle Cape-Rouge. Son vis-à-vis est Urbain, pirate lui aussi. Les deux hommes viennent de se retrouver après plusieurs années et évoquent des souvenirs communs.

Urbain demande à Armand :

— Comment es-tu parvenu, toi qui partageais mon destin, à devenir, quinze, seize ans plus tard, le pirate le plus craint des îles du Pérou ?

Cape-Rouge tourne vers Urbain un visage où il est inscrit dans chaque pli sur ses lèvres, dans chaque ligne autour de ses yeux, dans chaque goutte de lumière de ses pupilles, qu’il ne dira que ce qu’il a envie que l’on sache.

— Cette histoire est trop longue. J’ai vécu beaucoup d’aventures avant d’hériter de l’Ouragan et d’imposer le nom de Cape-Rouge dans le Nouveau Monde. Mais toi, Urbain, toi que j’ai côtoyé avec la mort pendant ce terrible hiver en terre de Canada, qu’as-tu fait depuis ?

— Oh, moi ! Tu sais, contrairement à toi, je ne fus pas rebuté assez de voyager avec ce marin de Saint-Malo, ce Jacques Cartier. J’aurais dû. Il n’avait pas suffisamment d’autorité sur les hommes, et il ne savait pas s’attirer les faveurs des Indiens. Cinq ans après notre mésaventure, je me suis embarqué avec lui pour son troisième périple au port de la rivière Sainte-Croix, près de Stadaconé. Quatre lieues plus loin, nous avons bâti un fort dans le dessein d’y établir la première colonie permanente en ce pays. Nous l’avons appelé Charlesbourg-Royal. Mais, pendant que notre capitaine, accompagné de quelques mariniers seulement, remontait le fleuve jusqu’à Hochelaga, le désœuvrement s’est emparé de ceux qui étaient restés au fort.

Urbain jette un regard de biais à Cape-Rouge, tel le coupable pris en faute.

— Armand, reprend-il, je n’étais pas mêlé à cette horreur, mais je n’ai rien fait pour l’en empêcher.

— De quelle horreur parles-tu ?

— Plusieurs parmi nous, à l’image des Espagnols en ces eaux du Pérou, persuadés que les Indiens n’ont ni âme à convertir ni cœur pour souffrir, se sont plu à expérimenter.

Une pâleur soudaine sur son visage trahit l’atrocité des images qui resurgissent dans la tête d’Urbain. S’impatientant qu’il ne poursuive pas, Cape-Rouge insiste :

— Et qu’ont-ils expérimenté ?

— Ils disaient pour se justifier : « Ce sont des Sauvages qui vivent dans la forêt ainsi que des bêtes. Ils sont tels des chiens, des cerfs, des ours, des vilains singes qui marchent sur deux pattes comme nous, mais ce ne sont pas des hommes. » Avec des haches, Armand, et leurs épées et des couteaux, ils ont coupé des bras et des jambes d’Indiens. Des têtes d’Indiens. Ils disaient chercher à instaurer chez les Sauvages une terreur à même d’en faire de bons serviteurs soumis. Ils disaient que le capitaine, à son retour, serait content de leur initiative. Ils prétendaient s’efforcer d’établir le pouvoir français en ce pays. Moi, Armand, je sais. Je sais que ces hommes s’amusaient simplement à passer le temps.
Ensuite, quand Cartier est revenu, les Indiens étaient devenus si hostiles à notre endroit que trente-cinq d’entre nous avaient déjà été massacrés. Nous avons dû rapailler nos biens et filer en abandonnant là nos beaux projets d’offrir à François 1ersa colonie en Canada.

D’un air impassible, Cape-Rouge fixe son ancien pair, dont le visage est plus pâle encore, les yeux plus fuyants, les lèvres plus frémissantes. Le maître de Lilith porte son gobelet à sa bouche en buvant lentement, laissant les images tourbillonner dans la mémoire d’Urbain puis, enchérissant un ton incrédule, il demande :

— Comment peux-tu me jouer cette comédie du témoin impuissant, prétendre le remuement quand, depuis ce temps, tu parcours les mers dans les bottes d’un pirate, trompant, volant, tuant ?

— C’est vrai, Armand, rétorque Urbain incontinent, je suis pirate et j’ai tué bien du monde, bien des innocents qui n’avaient commis, pour toute faute, que d’avoir croisé ma route. Mais je l’ai toujours fait dans le but de sauver ma peau ou de m’emparer de richesses. Je n’ai jamais tué pour le plaisir de la chose. Je n’ai jamais tué un Sauvage parce qu’il est un Sauvage, Armand. Je n’ai jamais coupé ni bras ni jambe de qui que ce soit dans le simple but de m’amuser de son expression horrifiée. Tu comprends ça, pas vrai ? Tu fais la différence entre un tueur et… et un malade.

Cape-Rouge blêmit, retenant avec peine quelques nouveaux tics qui agitent les muscles de son visage. Malade ! Est-ce cela ? Son esprit serait-il pourri, détraqué, à force d’user de violence pour asseoir son autorité ? À quel moment a-t-il fini par se plaire à voir souffrir ses victimes ? à les entendre gémir puis hurler ? À quel moment a-t-il usé de la torture plus pour s’en délecter que pour terrifier ses rivaux ?

Combien il a changé ces dernières années ! Combien il a trouvé confiance en ses moyens, en son intelligence, en ses capacités de commander, de jouter sur les mers ! Combien il a appris à leurrer ses proies, ses poursuivants, à frapper où on ne l’attend pas, à fuir par où on ne le surveille plus! Combien il a appris à devenir méchant !

— Tu crois que je suis malade, Urbain ?

Ce dernier remarque la pâleur de son vis-à-vis et comprend de la sorte l’accusation, voire l’insulte involontaire qu’il a proférée envers le maître de Lilith. Il se reprend vivement :

— Oh ! Non. Enfin… je veux dire… ni toi ni moi n’avons les mérites pour nous prévaloir du paradis, mais il doit bien se trouver différents paliers d’enfer, non ? Ce n’est pas possible que toi et moi côtoyions, pour l’éternité, les ordures qui accompagnaient Cartier, ou les Espagnols qui traitent les Sauvages pis que leurs chiens!

Cape-Rouge réplique:

— Je serai sûrement dans le même chaudron que les hommes de Jacques Cartier.



jeudi 17 avril 2008

Visiteur inusité

Ce matin, dans le mélèze derrière la maison, nous avons de la visite : un raton laveur. La sympathique bestiole a décidé d'y passer la journée. Vous savez tous que ces bébêtes dorment le jour et vivent la nuit (en général, en ravageant les jardins, compostiers et poubelles des honnêtes villageois).

Bien sûr, pas question de le déranger, car nous le trouvons bien joli, endormi là, et nous verrons la nuit prochaine s'il fout le bordel dans nos poubelles ou si, au contraire, il se contente de passer son chemin en nous débarrassant au préalable de quelques mulots, musaraignes et autres voisins plus gênants.





J'ai réussi à lui photographier le bout du nez... et deux petits crocs.

mercredi 16 avril 2008

Notre-Dame du Canada, quelle distraction !

Hier, j'avais trois ateliers à donner aux première et deuxième années de l'école en titre, à Québec. J'ai profité de mon passage dans la grande ville pour faire plusieurs commissions et j'ai préparé ma venue de manière à ne rien oublier (je suis tellement distrait).

Eh bien, croyez-le ou non, j'ai oublié mon matériel pour les rencontres scolaires ! Incroyable ! Je me doutais bien que ça finirait par m'arriver un jour.

Enfin, vous connaissez mes aptitudes d'adaptation (un vrai caméléon de l'atelier scolaire), j'ai aussitôt fouillé dans la bibliothèque à Nancy, j'ai modifié mon approche avec les enfants, et tout s'est déroulé à merveille. Il faut dire que les deux Anne, Marilyn et Maude ont bien fait les choses en préparant adéquatement les enfants pour ma venue.

On a eu du plaisir, les enfants ont appris plein de choses sur la littérature (et la distraction), c'est le principal.

Sacré Camille !

lundi 14 avril 2008

Horaire Salon du livre de Québec

Voilà bien la première année où mon horaire au Salon du livre est publié sans erreur. Voici les détails parus sur le site du SILQ et qui sont parus aussi dans le cahier spécial du journal Le Soleil. Si c'est plus facile pour vous de lire tout ça dans un tableau, vous pouvez consulter ma page Nouveautés.

Bouchard, Camille / 39 / Boréal / S:12h a 13h; D:13h a 14h / stand 94.
Bouchard, Camille / AU TEMPS DES DÉMONS / de l'Isatis / S:11h a 12h; D:12h a 13h et 14h a 15h / stand 44.
Bouchard, Camille / PIRATES / Hurtubise HMH / S:13h a 14h; D:15h a 16h / stand 303.
Bouchard, Camille / LES VOYAGES DE NICOLAS - DANGER EN THAILANDE / Dominique et cie / S:10h a 11h et 14h a 15h; D:11h a 12h / stand 139.
Bouchard, Camille / L'AGENCE KAVONGO / Alire / S:15h a 16h et 18h a 19h; D:10h a 11h / stand 227.


Aussi, vendredi 18 avril :
19 h 30 (Scène des Rendez-vous littéraires)
ADULTE Lectures et rencontres : Hommage à quatre voix. Des lauréats de Québec se racontent avec Camille Bouchard (Le ricanement des hyènes, La Courte échelle, Lauréat littérature jeunesse [texte] 2005), Andrée Laberge (La rivière du loup, XYZ Éditeur, Lauréate roman et nouvelles 2006), Claire Martin (La joue droite, Cercle du Livre de France, Lauréate roman et nouvelles 1966) et Michel Noël (Pien, Éditions Michel Quintin, Lauréat littérature jeunesse [texte] 1997). Animation : Stanley Péan. Présentation du Conseil des Arts du Canada en collaboration avec le Salon international du livre de Québec.
Durée 60 minutes.


Samedi, 19 avril :
16 h (Scène Café-rencontre BD)
ADULTE Rencontre d'auteurs avec Camille Bouchard (L'agence Kavongo, Alire), Kangni Alem (Un rêve d'Albatros, Gallimard) et François Nkémé (Buyam Sellam, Proximité IFRIKIYA). Animateur : Stanley Péan. Durée : 55 minutes.

dimanche 13 avril 2008

On dirait...

On dirait davantage un 13 janvier qu'un 13 avril, se disent mésanges et bruants hudsoniens.






samedi 12 avril 2008

Dernier spasme hivernal

Un autre petit blizzard, ce matin. Le dernier, on l'espère. Les juncos ardoisés semblent aussi surpris que nous.







vendredi 11 avril 2008

5000$ la seconde

Le chef de la majorité démocrate du Sénat américain, Harry Reid, a dit à propos de la guerre en Irak :

Les contribuables américains paient 5000 dollars par seconde pour cette guerre, 5000 dollars par seconde.

Comptez. Ça fait 5000$ x 60 secondes = 300 000$ la minute x 60 minutes = 18 millions de dollars l'heure x 24 = 432 millions par jour x 30 = 13 milliards par mois x 12 = 156 milliards par année x 5 ans de guerre = 780 milliards !!!

Dire que je ne donne que 35$ par mois pour parrainer un enfant. Je suis vraiment cheap.

Ma banquise recule




jeudi 10 avril 2008

Quatre voix


Hommages à quatre voix

Voici le plus récent communiqué du Conseil des Arts du Canada relatif à la lecture publique pendant laquelle je me commettrai, la semaine prochaine :

Salon international du livre du Québec
Hommage à quatre voix :
des lauréats de Québec se racontent

Le 18 avril 2008 – 19 h 30 à 20 h 30
Scène : Rendez-vous littéraires


Déroulement

19 h 30 Stanley Péan souhaite la bienvenue, puis il présente Joanne Larocque-Poirier et parle des GG (Prix littéraires du Gouverneur-Général du Canada) avec elle (2 min).

19 h 33
Stanley se dirige vers les auteurs et s’assoie sur scène au milieu (deux auteurs de chaque côté).

19 h 34 Présentation des auteurs par Stanley Péan. Il leur parle à tour de rôle et peut inviter un autre auteur à répondre à la même question car le format favorise l’interaction, un peu à la manière d’une table ronde.
(approx. 10 min. chaque) :

19 h 35 Tour de table, salutation des auteurs
19 h 45 Camille Bouchard
19 h 55 Andrée Laberge
20 h 05 Claire Martin
20 h 15 Michel Noël

Il y a une courte entrevue, suivie de la lecture d’un extrait d’une œuvre (soit l’œuvre lauréate du GG ou une autre).

20 h 25 Mot de la fin de Stanley Péan, remercie les auteurs.

mercredi 9 avril 2008

Preuves de printemps

Aujourd'hui, le thermomètre extérieur est monté à 23,4°.

J'ai aperçu les premiers merles d'Amérique, juncos ardoisés et bruants familiers. Ils ont côtoyé les voiliers de quiscales, d'étourneaux et de carouges à épaulettes qui, depuis quelques jours, disputent les mangeoires aux mésanges, geais bleus et (inévitables) corneilles.

J'ai reçu les derniers exemplaires de mes nouveautés de la rentrée d'avril, soit le roman Trente-Neuf. Il est tellement plus beau que ce à quoi je m'attendais. Les couleurs sont magnifiques.

La semaine prochaine, c'est le Salon du livre de Québec.

C'est vraiment le printemps.

mardi 8 avril 2008

Mollo

Je vis ça mollo depuis 2-3 jours. J'ai pris le temps d'installer le nouveau OS de mon ordinateur (merveilleux Léopard d'Apple), et j'ai fait du ménage dans mes vieux courriels et sur le disque dur de mon PC (qui ne me sert plus guère que de back-up). (Anecdote : Stanley Péan vient de se procurer le nouveau Vista de Microsoft et il n'a que des problèmes avec. Inutile de s'étendre davantage sur le sujet, je l'ai déjà fait.) Je fais de la raquette (sans doute, les dernières fois, cet hiver) et je lis (merveilleux Arturo Pérez-Reverte).

La recherchiste de l'animateur Patrick Masbourian m'a contacté pour faire une entrevue de 15 minutes à l'émission Vous êtes ici, mais ça ne m'adonnait pas de me rendre au studio de Radio-Canada à Québec. On se reprend sans doute mardi prochain. Je vous tiendrai au courant.

Trente-Neuf est maintenant en vente. J'attends mes exemplaires demain par la poste.

vendredi 4 avril 2008

À bientôt, la poly !

Après mes deux derniers ateliers de ce matin (avec les classes de Mélanie et madame Selma), j'ai quitté la polyvalente Henri-Bourassa et la grosse ville pour m'en retourner dans ma campagne.

J'avais un petit pincement au coeur, si, si, sans rire. Je me suis attaché à cette super belle gang que sont les profs de français de cette école. D'abord, parce qu'ils m'ont accueillis avec tellement de chaleur, mais aussi, parce que ce sont des gens dynamiques dont on ne peut qu'apprécier la valeur. Pour être tout à fait franc, j'ai déjà hâte d'y retourner, dans un mois, pour rencontrer les étudiants de première secondaire.

Sur la route, par moments, il y a eu quelques grosses gouttes de pluie lourdes qui m'ont taquiné jusqu'à Drummondville, puis les précipitations m'ont sacré patience jusqu'à chez moi. Je bénéficie de quelques jours de répit pour installer un nouveau OS sur mon ordinateur, pour mettre en marche une station météo chez moi (je suis un indécrottable amateur de gadgets scientifiques), pour réparer une fenêtre cassée sur la grange (aucune idée de ce qui s'est passé pendant mon absence), et ensuite, ça redécolle pour plusieurs semaines.

Comme j'aime la vie que je mène !




jeudi 3 avril 2008

Merci, mademoiselle

À l'occasion, je vous parle des motivations qui poussent un auteur à poursuivre un travail qui n'est pas parmi les plus rémunérateurs. Aujourd'hui, j'ai reçu une bouffée de fraîcheur supplémentaire.

Les ados, vous le savez, quand ils n'aiment pas quelque chose, pour le meilleur ou pour le pire, ils vous le font savoir de manière assez directe. À l'inverse, si vous avez su les rejoindre, ils vous le font savoir aussi.

Après mon deuxième atelier du matin, une jeune fille a pris la peine de venir me voir pour me faire part de tout le bien qu'elle pense de moi et de mon travail. Quelque chose de très beau, de très touchant. Bon, ceux qui me connaissent le savent, je viens facilement les yeux pleins d'eau. Il a fallu que je me retienne un peu, car la bibliothécaire était là, et je ne voulais pas qu'elle me prenne pour une moumoune. Mais ça m'a juste rappelé, si j'en avais besoin, à quel point ça me valorise et je me sens utile à écrire pour les jeunes.

Merci, mademoiselle. Tu m'as fait du bien.


mercredi 2 avril 2008

Infantilisme

Une jeune fille dans un groupe de 2e secondaire (14 ans) s'est plainte que dans plusieurs romans pour les jeunes, les auteurs les prenaient pour des enfants. Elle me demandait à quoi j'attribuais un tel infantilisme de leur part.

Pour une question pertinente, y a pas à redire, pas vrai? La jeune fille m'a affirmé que : À Henri-Bourassa, dans chaque classe, il y a au moins une personne qui connaît un pimp. Alors, pourquoi nous raconte-t-on des histoires de bébés?

On a alors discuté, le groupe et moi, de censure, de prudence excessive, tant de certains auteurs que de certains éditeurs, tant de commissions scolaires que de comités de parents. Bien sûr, il a aussi fallu nuancer, mais quand même! Rien que le fait d'avoir amener cette discussion sur le tapis ne démontre-t-il pas la maturité qu'affichent souvent les ados?





La routine

Trois rencontres, aujourd'hui. À chaque fois, vingt minutes de monologues, 55 minutes de discussion avec les ados. La routine.

Mais une belle routine. Ça sert à rien, j'adore ça. Je ne dis pas que c'est facile, mais j'adore ça. J'aime cette complicité que je tisse avec les jeunes. Je me sens bien. Utile.

On m'a avisé à plusieurs reprises, dans les dernières semaines, que je trouverais ça toffe à la poly Henri-Bourassa, que c'était une clientèle difficile. Ai rien vu de cela. Je ne sens pas la différence avec d'autres écoles. J'ai bien assisté à une petite echaufourée avec deux grands garçons, hier, mais quelle école peut se vanter que ça n'arrive jamais?

Beaucoup de crédit revient aux professeurs qui sont vraiment impliqués auprès des jeunes. Ça me donne une énergie extraordinaire de côtoyer des gens aussi enthousiastes.

Bref, je fais un métier formidable.


mardi 1 avril 2008

Mon gîte à Montréal

Aujourd'hui, j'avais seulement deux rencontres, petite journée, donc, ce qui n'a pas manqué de plaire à Daniel, mon hôte au Bed and Breakfast (À la Carte BnB), qui n'a pas eu à se lever trop tôt pour me faire à déjeuner.

D'ailleurs, Daniel, grand amateur de bédé devant l'Éternel, m'a remis une série d'albums que je dois lire avant mon départ. Y a pas à dire, il prend bien soin de moi et s'assure que j'occupe mes soirées de manière saine. D'ailleurs, parlant d'occuper mes soirées, ce soir, je vais souper chez mon petit frère à Montréal-Nord, demain chez mes amis provençaux à Laval (des amis provençaux à Laval, c'est aussi étrange que des Lavallois à Marseille), et jeudi, je vais aller me faire triturer les muscles dorsaux qui me chantent misère ces jours-ci.

Ne tentez pas d'occuper mon vendredi soir, je serai déjà de retour à Saint-Marcel.


On s'y remet

Et c'est reparti, aujourd'hui, pour la suite des ateliers à la polyvalente Henri-Bourassa. J'avais les groupes de madame Selma Azzouz.

Dans cette école, c'est vraiment fascinant de côtoyer les gens qu'on y rencontre, tant les étudiants que les professeurs. Ils viennent de partout à travers le monde et forment une mosaïque culturelle étonnante. Dans le premier groupe de ce matin, à ma demande, ceux qui parlent une autre langue que le français à la maison ont levé la main : ils étaient plus de la moitié ! Vous imaginez que ces jeunes, en plus du français et de l'anglais, parlent au moins une troisième langue, enrichissant d'autant leur culture et leur ouverture sur le monde.

Au dîner, les professeurs avec moi venaient de Tunisie, du Maroc, du Liban... en fait, les deux Québécois d'origine, on était la minorité.

Ici, donc, pas question que je sorte les quelques mots d'arabe que je connais pour épater la galerie. Tout le monde rirait de moi.